Méditer à partir de l’évangile du dimanche (Jean 20, 19-23)

L’Esprit nous appelle

Il n’est pas si loin le temps du reniement de Pierre… Pas si loin non plus l’étonnement des femmes au seuil du tombeau vide et le temps de la relecture avec l’inconnu pour les deux compagnons, sur la route qui mène à Emmaüs. Les Apôtres sont dans l’attente. Malgré le doute, la peur, ils sont ensemble. Réunis, pour parler entre eux, réunis sans doute aussi pour prier. La porte est verrouillée. Le décor est planté.
Dans le huis clos où se sont réfugiés les Apôtres, tout se dit dans un souffle violent, une sorte de feu, et une parole qui apaise : « La paix soit avec vous ! » Le temps est à la naissance. Le souffle qui se répand sur les Apôtres est souffle créateur, souffle de vie nouvelle. L’Esprit crée et recrée. De quelques peureux enfermés dans leur cénacle, l’Esprit fait d’infatigables témoins de ce qu’ils ont vécu avec le Messie, témoins, des prédicateurs enthousiastes, des ambassadeurs de la loi d’amour, des disciples missionnaires.
L’Église naît de ce rassemblement d’hommes abattus qui, soudain habités de la force de Dieu, reprennent en main leur vie et leur ministère interrompu. L’Esprit les pousse au large. Toute l’humanité est sauvée par le don que le Christ fait de sa vie. Voilà la Bonne Nouvelle que les Apôtres sont appelés à annoncer jusqu’aux extrémités de la terre pour entraîner dans le sillage de l’Église naissante l’humanité tout entière. Désormais, rien ne pourra les faire taire : ni la foule, ni les menaces de mort. Leur témoignage bouscule l’histoire d’hommes et de femmes, et il traverse le temps, les âges et les siècles. L’Église prend la mer.
L’Esprit donne aux disciples de relire et de comprendre ce qu’ils ont vu, vécu et entendu, ce qu’ils ont reçu au long de leur compagnonnage avec leur Maître et Seigneur. Le temps de la relecture donne sens et force à la mission qui devient la leur.
Cette année, la fête de Pentecôte est la première grande fête que nous vivons au sortir de ce temps de confinement. Les déconfinés que nous sommes sont invités à se laisser saisir et toucher par l’Esprit pour qu’il nous donne de comprendre ce que nous avons vécu dans ce temps de confinement. Dieu ne nous a pas laissé tomber. Comme pour les disciples de Jésus, l’Esprit nous donne de relire et de comprendre ce que nous avons vécu. Il nous donne la force et l’audace d’inventer la vie du monde d’après, de l’inventer avec Dieu et avec nos frères et sœurs en humanité.
Forts des dons de l’Esprit, nous sommes, à notre tour, comme les premiers apôtres, embarqués dans cette aventure passionnante de la construction de l’Église Corps du Christ. Comme pour les premiers disciples, la paix nous
habite et la joie nous anime. Une joie qui n’a rien à voir avec les bonheurs futiles auxquels nous pourrions être habitués par les tapages publicitaires de notre société de consommation. Cette joie, donnée par l’Esprit, nous rend forts en toutes circonstances, forts de l’amour de Dieu qui demeure présent à nos côtés et ne nous abandonne jamais. Le feu de Dieu embrase nos cœurs. Avec l’Esprit, chaque jour est naissance. Laissons-nous conduire par l’Esprit. Qu’il renouvelle la face de la terre !

Père Benoît Gschwind
Curé de la paroisse