Accueillir en Eglise
Tout au long de ce carême, nous sommes témoins chaque dimanche d’éléments nouveaux qui viennent enrichir notre liturgie, féconder notre prière, soutenir notre marche vers Pâques, vivre en communion avec les événements de l’Eglise. Pour certains, d’entre nous, tout cela « perturbe » nos célébrations. Ceci bouscule, c’est vrai. Mais dans quel sens ?
Le premier événement, l’appel décisif des catéchumènes, nous a été présenté par notre Evêque lui – même, « comme un événement qui concerne spécialement la communauté paroissiale …votre présence manifeste que l’Eglise se réjouit de l’appel qui continue à retentir dans les cœurs… notre Eglise est vivante, cette célébration en est un signe éloquent ». (Mgr P.M Carré). Il s’agit donc, avant tout, d’accueillir ces événements comme des signes de Dieu pour nous, pour nous parler, pour nous soutenir. Dieu nous parle aujourd’hui. Il ne suffit pas de le dire. Il faut chercher à le voir. Ces signes sont des signes pour la vie.
Oui, notre Eglise est vivante. Elle bouge. La question qui nous est posée : c’est l’accueil de cette vie, non pas de pleurer sur nos oignons d’Egypte. Mais comme le chante Mannick : « je connais des bateaux qui rouillent dans le port à ne jamais risquer une voile dehors ».
Quelle vie nous pousse, nous bouscule ? L’aumônerie des collèges de l’enseignement public de la paroisse prend un temps de réflexion, ce week – end, à Anduze… Des lycéens (c’est nouveau, cela n’existait pas l’an dernier ; des parents se sont risqués cette année) préparent leur confirmation… A la fin du mois des enfants CM1, CM2 de Ste Thérèse et de l’école Ste Thérèse vont animer la messe ; l’un d’entre eux et sa sœur seront baptisés…
Un jeune garçon, Thibaut Vincent reçoit officiellement la Parole de Dieu ; son papa dit le credo avec nous ; il sera baptisé à Pâques… A Notre Dame d’Espérance, on vit la même richesse de vie, de signes donnés par le Seigneur : la petite Sophie avance vers le baptême, deux catéchumènes sont accueillis dans la communauté… Ce samedi des enfants se préparent à leur première communion. L’aumônerie anime la Chouette’messe… A St Esprit, on prépare 3 enfants au baptême, 18 à la première communion. Une réunion de parents réussit à les rassembler presque tous… En soirée, 12 couples viennent préparer le baptême de leur enfant… Toute cette vie est animée par des laïcs qui donnent de leur temps, de leur amour de l’Evangile. Ils ont le souci des parents autant que des enfants. A travers eux, l’Eglise évangélise.
Faut – il élargir ces signes qui nous sont donnés ? Des laïcs se préoccupent de la formation chrétienne ; un projet est en cours ; l’an prochain, il verra jour. Aujourd’hui, en tant que chrétiens, ils nous proposent une réflexion sur des questions qui nous préoccupent et troublent le monde : l’argent, l’économie. Avec eux, l’ Eglise est présente au monde ; l’Evangile devient sel de la terre. Et bien d’autres signes encore…Ne les voyons – nous pas ?
Ce temps bouillonne comme un sang neuf au printemps. Notre mission est d’accueillir toute cette vie, de célébrer l’Esprit Saint « qui poursuit son œuvre dans le monde », de prier et d’accompagner toute cette vie multiple qui n’attend pas notre heure, qui pousse la porte à son heure. Mais, « je connais des bateaux qui oublient de partir ; ils ont peur de la mer à force de vieillir, je connais des bateaux tellement enchaînés… »
Pour vivre, il nous faut accueillir du nouveau ou vieillir tranquillement jusqu’à mourir. L’Evangile, parole de Vie, ne laisse personne en place. Le Christ entraîne toujours plus loin. Ou du moins, Il nous invite à avancer dans ses traces. L’Eglise devrait être de la même trempe si nous laissions place à l’Esprit Saint. Notre effort de carême pourrait être un acte de foi plus fort, plus vrai. Etre des hommes de foi qui croient que Dieu ne peut abandonner son peuple. – C’est le sens de toutes les lectures du carême -. Il est le gardien de ce peuple qu’Il aime malgré les rouspétances de ceux qui trouvent que la nouveauté les sort de leurs habitudes. Cet acte de foi conduit tout naturellement à l’action de grâce. Rendre grâce à Dieu pour les signes qu’Il nous donne. Mgr Carré nous l’a rappelé au cours de l’Appel décisif : « ce moment est un temps de grâce pour votre paroisse ». Un père peut – il tourner le dos lorsque lui naît un fils ? Une famille ne se serre – t – elle pas un peu lorsque lui arrive un frère ; ne lui fait – on pas une place ? Et comme nous savons qu’un chrétien ne peut vivre seul, sachons l’accueillir en Eglise. Il nous enrichira de sa présence. Il nous maintiendra en vie. Il nous mènera vers Pâques.